Je m’intéresse au lien entre la nature et la culture et le rapport que nous entretenons avec notre environnement naturel. La nature devrait correspondre à la réalité : elle est palpable par nos sens, elle nous a précédé et nous survivra. Cependant la nature est également une chose acculturée, nous ne la voyons pas telle qu’elle est, elle devient image mentale, une projection de nos désirs. Mais que signifie donc être vivant ?
Le médium photographique,...
read moreJe m’intéresse au lien entre la nature et la culture et le rapport que nous entretenons avec notre environnement naturel. La nature devrait correspondre à la réalité : elle est palpable par nos sens, elle nous a précédé et nous survivra. Cependant la nature est également une chose acculturée, nous ne la voyons pas telle qu’elle est, elle devient image mentale, une projection de nos désirs. Mais que signifie donc être vivant ?
Le médium photographique, par sa multitude de canaux d’utilisations et de références, me permet de saisir des enjeux actuels avec souvent une pointe d’humour. Par quelques gestes de détournement je tente une mise en abyme de notre drôle de monde.
Pour mon projet à Esch-sur-Alzette, je questionne le lien à la terre dans le cadre de migration, de dé-placement. Que reste-t-il des paysages et territoires quittés ? En nous, dans notre chair, mais également physiquement sur le lieux ? On nous relie à un pays, et pourtant on sait que rien n’est figé.
J’ai trouvé ces très beaux mots de Jeannette Armstrong sur la culture Okanagan∗ et sa manière d’exprimer notre « connexion à un lieu », que j’aimerais partager ici :
« Le mot Okanagan pour ‘notre place sur terre’ est le même que pour ‘notre langue’. Cela veut dire que la terre nous a appris la langue que nous parlons. Parler la langue que la terre nous a donnée et enseignée a été notre manière de survivre… Pour désigner nos corps ou la terre, nos mots ont la même racine.
Cela signifie que la chair qui est notre corps est faite de parcelles de la terre qui viennent en nous à travers les choses qui sont cette terre. Nous sommes notre terre/place. Ne pas savoir et ne pas célébrer c’est être sans langue et sans terre. C’est être dé-placé. La langue okanagan enseigne que ce qui est déplacé, séparé de ce dont il a besoin pour survivre en bonne santé, finira par mourir… Comme Okanagans, notre responsabilité la plus vitale est de lier à la terre nos moi individuels et nos nous communs. »
Jeanette Armstrong ‘Keepers of the Earth’, in Theodore Roszack, Mary E. Gomes et Allen D. Kanner )éd), Ecopsychology : Restoring the Earth, Healing the Mind, Sierra Book Club, 1995. p. 323 (apparu dans ‘Quel Monde voulons-nous ?’ Starhawk, édition Sorcières, 2019)
∗Les Okanagans sont une population d'amérindiens dont le territoire d'origine s'étend de part et d'autre de la frontière entre l'État de Washington aux États-Unis et la province de Colombie-Britannique au Canada.
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